C’est dans C à vous, l’émission de la très obligeante Anne-Sophie Lapix que Patrick Bruel vient dérouler ses pronostics pour le premier tour des primaires de la gauche, et le premier tour des présidentielles qui auront lieu le 23 avril 2017. Patrick est très embêté : il ne veut pas que Marine Le Pen soit au second tour, alors il triture tous les scénarios possibles pour éliminer la méchante Française.
Patrick lutte contre le FN (et ses flops au cinéma)
Patrick est un habitué de C à vous. Le 17 juin 2013, Alessandra Sublet, alors animatrice de la quotidienne, avait montré la fameuse photo où Bruel tombait dans les bras de l’escroc Jérôme Cahuzac pendant les obsèques du juriste Guy Carcassonne. Il avait bafouillé des explications assez incompréhensibles :
« Je n’ai pas commenté sur le moment, mais c’était un moment très douloureux pour moi, et je ne savais pas qui était à côté de moi à ce moment-là. Je me suis tourné, et je suis tombé dans les bras… Ce n’était pas très délicat. Je n’ai pas aimé ça, mais je n’étais pas dans un état où je pouvais réaliser quoi que ce soit. J’ai jamais connu un tel chagrin, donc je suis un peu novice en la matière. »
Mais oublions le passé et revenons au présent, c’est-à-dire ce lundi 16 janvier sur France 5. Patrick Bruel et Elsa Zylberstein (pierre d’argent) sont à la table de Lapix et ses chroniqueurs pour évoquer la sortie imminente d’Un Sac de billes, le film tiré du roman de Joseph Joffo. Pourquoi roman ? Parce que Joffo, qui ne touchait pas une bille en français, et encore moins en littérature, s’est fait réécrire par Claude Klotz, le vrai nom de « Patrick Cauvin ». Joffo a ainsi pu faire, à l’aide de nombreux nègres, une longue carrière littéraire couronnée de succès (25 millions de livres vendus), et ce, sans savoir écrire. Un exemple de réussite scolaire pour tous les cancres.
Bruel : « Il faut rappeler sans cesse que c’est une histoire vraie »
On parle Shoah, donc pas question de déconner, Demaison se tait, Lapix prend son air « émotionnel », l’heure est grave, Elsa raconte l’histoire de son père... Patrick aborde la douloureuse histoire du retour des heures sombres :
« Et c’est vrai qu’on arrive à un point culminant aujourd’hui de ce problème puisqu’on rentre dans une période qui pourrait être celle de l’oubli. On arrive maintenant à des enfants de 12, 13, 14 ans qui connaissent pas forcément cette histoire, qui connaissent pas forcément en détail tout ce qui s’est passé pendant ces deux guerres ni ce qui s’est passé entre les deux guerres… »
Anne-Sophie Lapix a bien appris son devoir de mémoire :
« Alors c’est un film extrêmement émouvant, on a tous pleuré, même en voyant la bande-annonce on a envie de pleurer, vous êtes tous les deux deux grands acteurs mais il faut saluer le talent précoce des deux enfants qui jouent les deux héros. »
Dans la même émission est invité – tous ceux qui y voient autre chose qu’un hasard sont de vils complotistes – Emmanuel Blanchard, qui signe un documentaire pour France 2 sur Marine Le Pen, avec cet extrait où l’on voit le FN associé à une croix gammée. Pour les têtes dures qui n’auraient pas compris la congruence...
- Extrait du documentaire d’Emmanuel Blanchard sur Marine Le Pen
Ce soir, c’est open bar contre le nazisme, sur France 5 ! Tout le plateau se moque allègrement de Marine Le Pen, de Philippot, et insiste bien sur la fracture entre FN du Nord et FN du Sud, sans oublier celle entre Marine et Marion Le Pen. L’ex-conseiller de François Hollande, Aquilino Morelle, vient faire la leçon de morale sur le FN en révélant que si sa forme a changé, il n’a pas changé de fond. Une analyse incroyablement audacieuse de la part de celui qui vient de pondre un livre aux propos très contestés.
Si après ça un téléspectateur de France 5 vote encore Front national, c’est à désespérer de se casser le cul à planquer la propagande anti-FN ou pro-sioniste derrière une inoffensive émission culturelle !
Le bonus, après l’émission, lorsque les invités partagent un petit repas préparé par Babette la Guadeloupéenne (vérifier si ses ancêtres n’ont pas été déportés par les ancêtres de, oh et puis non), s’appelle C à vous la suite .
- Patrick a toujours refusé de s’engager (en public)
Alors que Bruel annonce dans la première partie de l’émission « moi je me suis jamais engagé derrière un candidat, je trouve que c’est contre-productif », il dévoile en seconde partie ses choix, et ses pronostics.
Anne-Sophie Lapix : Vous pensez que Macron peut chasser Marine Le Pen du deuxième tour ?
Anne-Elisabeth Lemoine : C’est le seul qui soit en mesure de le faire ?
Patrick Bruel : Je pense que les résultats de cette primaire de gauche détermineront les choses. Ca dépend est-ce que Manuel Valls va gagner cette primaire ou pas. S’il ne la gagne pas et que ce soit Benoît Hamon, alors je pense que dans ce cas-là, Emmanuel Macron aura une voie royale et peut-être Marine Le Pen ne sera pas au deuxième tour.
Ce en quoi le comédien chanteur survendu par les médias complaisants – ou simplement terrorisés – n’a pas tort.
Séparer la droite des valeurs de la gauche du travail : la méthode oligarchique anti-FN
Le Système envoie trois candidats pour bloquer la montée du FN : deux candidats pour le désosser sur ses marges, et un pour filer droit au centre. Fillon a pour mission d’amputer le FN de sa droite des valeurs, Mélenchon de sa gauche du travail, et Macron est là pour piéger les électeurs en attente de renouvellement, car Marine Le Pen est la plus jeune des candidats crédibles. Un travail de prédation à trois contre un.
Les candidats classiques, sans effet sur le FN, ou qui provoquaient au contraire sa montée, ont été éliminés rapidement. Sarkozy s’est enlisé dans ses mensonges, en appelant à la France alors qu’il travaillait objectivement pour l’axe américano-israélien, la gauche hollandiste, quant à elle, a tellement fait monter la colère populaire qu’il devenait dangereux de la laisser en place (on ne sait pas qui a « convaincu » Hollande de ne pas se représenter mais la pression a dû être forte, et motivée). C’était une véritable machine à fabriquer de la voix FN.
Ces deux entités, droite et gauche classiques, appelées aussi LRPS, qui ont trahi à la fois la droite des valeurs et la gauche du travail, ont en conséquence été éliminées. Quant à la véritable gauche du travail, l’ennemie intime de l’oligarchie et objet de toutes ses attentions, elle ne doit pas voir le jour, sauf en tant que fantasme. Ce fantasme – le Grand soir – doit être entretenu dans un coin afin de neutraliser toute velléité de prise de pouvoir réelle. Sous contrôle grâce à son découpage en petites unités concurrentes ou sous le commandement d’un produit du Système (Mélenchon, franc-mac, ex-PS), ce Grand soir ne verra probablement pas le jour dans un avenir proche.
Une gardienne d’immeuble violente le porte-flingue de Fillon
On reste dans la politique française et dans le service public (France 2) avec Caroline Roux qui reçoit Bernard Accoyer. Pourquoi, on s’en fout de ça ! Oui mais attendez. Accoyer est quand même « le secrétaire général du parti Les Républicains ». Il sert de porte-flingue à Fillon pour exécuter ceux de son propre camp qui tirent dans les pattes du boss. Car il y en a : les sarkozystes qui n’ont pas encore digéré leur défaite du 20 novembre 2016. Comme quoi la droite française c’est pas une grande famille.
Si l’émission précédente insistait lourdement sur les fractures au sein du FN, Caroline insiste sur les fractures au sein de la droite classique, et sur « l’effet Macron ». Effet médiatique, mais effet tout de même, on a décrit la stratégie oligarchique juste au-dessus. Attention quand même au candidat des médias : aujourd’hui, ça ne veut plus dire grand chose. Si ça se trouve, le week-end dernier, dans le Nord, les gens ont été voir Macron pour se réchauffer, et accessoirement boire un coup. C’est bien de voir une bête médiatique en action, c’est un spectacle, et c’est gratuit. Alors, c’est une bonne petite sortie en famille (pauvre).
Le candidat des médias pour cette présidentielle était Juppé, il a été éliminé en deux coups de balayette. Macron a pris la suite, on verra si le protégé de Drahi tient jusqu’au 23 avril. Du coup Fillon fait gaffe : il ne veut pas que les médias soient trop avec lui, pour ne pas subir un effet « Hillary », vous savez, une crise de nerfs à l’hôtel dans la soirée qui suit le décompte des votes. Les médias, ça te flingue une candidature. Aujourd’hui, mieux vaut être contre, à la Trump. Caroline n’a toujours pas compris cela, et c’est pourquoi, avec son look de gardienne d’immeuble, elle se pose en défenseur de l’Europe, et, serrant les dents, surréagit (à 1’30) :
« Vous pensez qu’on discute avec Donald Trump, sincèrement ? »
Tiens, Bruel aussi s’était posé en défenseur de l’Europe chez Lapix, en disant, en substance, que l’UE, malgré ses imperfections, c’était le rempart contre la barbarie. C’est vraiment la journée des congruences.